Je m’étais retrouvé sans comprendre pourquoi dans une rue presque anonyme, me promenant insouciamment. Pourtant je savais qu’il fallait me mettre à l’abri : à tout moment je pouvais me faire sniper. Des explosions pouvaient me surprendre n’importe où, mais je ne ressentais aucune peur. Je décidai plutôt d’aller m’acheter une pâtisserie en m’engageant dans une autre rue. Elle me mena à un quartier qui me semblait étrangement paisible et familier. En m’y arrêtant, je levai les yeux et reconnus soudain ton immeuble ! Je compris alors où je me situais, rien n’avait changé. J’essayais péniblement de scruter l’intérieur du premier étage. Certes, tu n’y étais plus depuis longtemps, alors à quoi m’attendais-je ? C’était juste pour m’amuser… Pourtant je te vis. Non pas à ta fenêtre, mais tu m’apparus dans la rue parmi les passants. Tu t’avançais vers moi avec un sourire radieux et confiant. C’est bien moi que tu regardais, je ne rêvais pas ! Je n’avais plus revu ton visage depuis longtemps. Tes cheveux, tes yeux, la définition de ta peau, ils m’avaient tellement manqué ! Jamais je ne les avais observés d’aussi près, aussi nettement. Mes yeux étaient grand ouverts, c’était impossible. Tu t’approchas de moi et contre toute attente tu m’enlaças en gardant ton sourire. J’étais comme un enfant dans tes bras, ta chaleur et ton amour me gagnaient. C’était impossible. Je sentis alors une goutte se former entre mes paupières qui étaient encore closes. Dans mon rêve, je compris que je rêvais et je m’accrochais à ce moment. À l’orée de ma conscience, je luttais pour ne pas te perdre pendant que tu te dissipais à nouveau. Un câlin est parfois tout ce que notre cœur demande, peut-on le retrouver aussi dans des saveurs réconfortantes comme celles d’un Mac Aron par Jean-Paul Hévin ?


Ce dessert se compose de deux biscuits macaron superposés entre lesquels se trouve une ganache au chocolat noir. Elle enveloppe aussi le pourtour des macarons et permet d’y appliquer d’abondant copeaux de chocolat noir enroulés. La surface du macaron supérieur est saupoudrée de cacao sur un côté.

Le Mac Aron par Jean-Paul Hévin mesure 71 mm de diamètre et 45 mm de hauteur. Le spécimen acheté pèse 84 grammes et coûte 8,10€.

Les biscuits macarons sont superposés l’un sur l’autre dans le même sens et seraient instables sans la ganache qui les relie. Ils semblent tous les deux identiques, ayant la texture des macarons classiques rugueux et craquelés. Assez sucrés, j’y trouve bien une forte saveur d’amande. Ils sont à la fois secs et légers, un petit peu creux. Je me réjouis d’y retrouver ce craquant de surface caractéristique des macarons, accompagné d’un cœur qui devient graduellement plus tassé et fondant.

La ganache mi-amère est abondante à la périphérie du dessert puis elle s’affine significativement en son centre, là où l’épaisseur des macarons est la plus grande. Elle sert à niveler le macaron inférieur et devient donc un support au supérieur. Cette ganache développe une forte saveur de chocolat et se révèle très fondante en bouche. D’une texture parfaitement homogène, sa densité et sa profondeur de goût accompagnent avantageusement la texture aérienne des macarons, formant ainsi un contraste particulièrement gourmand.


Enfin, il convient de citer les abondants copeaux de chocolat qui entourent tout le dessert. Non seulement lui donnent-ils une identité visuelle, mais ils participent aussi à un effet de « trop-plein » particulièrement appétissant quand ils tombent partout dans l’assiette lors de la dégustation. Le chocolat noir est par ailleurs de bonne facture, sa fine épaisseur lui permettant de fondre rapidement sur la langue.

VERDICT
Comme l’univers qui serait plein d’une matière « noire » que nous ne percevons pas et qui pourtant ferait la cohésion de notre monde, ce Mac Aron par Jean-Paul Hévin sait habilement jouer d’un vide qui n’est en réalité que trop plein. En effet, ses macarons rustiques et rocailleux, faisant un effet léger et creux, dialoguent subtilement avec une ganache dense et lisse qui fond en bouche et rattrape toutes les miettes qui s’éparpillent instantanément entre nos papilles. Ce gâteau sait tenir l’équilibre entre les deux aspects contradictoires, tout en puisant sa force dans son apparente simplicité. Les saveurs qui se développent en bouche sont bien celles d’un chocolat noir fort en cacao restant consensuel dans sa typicité, et d’une amande discrète mais facilement identifiable. Gourmandise et raffinement s’y retrouvent, dans une recette devenue un classique de l’enseigne.
Adresse :
23 bis avenue de la Motte-Picquet, 75007 Paris
Tél : +331 45 51 77 48
www.jeanpaulhevin.com

Laisser un commentaire