C’était irrépressible, il nous fallait lui parler. Nos sentiments s’épanchaient d’une plaie qui s’était soudain ouverte, nous laissant consternés. Chaque mot que nous disions nous rapprochait du précipice, nous assourdissait, nous aveuglait, saturait notre conscience. Au milieu de cet ahurissement, le téléphone n’arrêtait plus de sonner. Nous ne décrochions pas. Cette maudite sonnerie s’acharnait sur nous, elle nous tambourinait sur le crâne, jusqu’à ce que le cerveau explosât et le cœur explosât, au même moment que l’air explosait, l’immeuble explosait, la ville explosait, le monde explosait. Puis vint le silence dans la poussière. Nous nous relevâmes en lambeaux, non pas par courage mais par stupeur. La solitude fut encore plus grande, plus perçante. Seul le temps nous réparerait, et saurait enfin enterrer les illusions des jeunes années. C’est ce temps qui fait tout autant mourir les espérances que mûrir les choses les plus délicieuses, des fraises des bois qui couronnent un Fraisier par Ludovic Fontalirant chez Le Temps et le Pain.
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