Notre invitée Maïa Mazaurette goûte et donne son avis sur cette pâtisserie
Impossible d’éviter un gâteau tout-chocolat pour un programme de Saint-Valentin : avec cette création, on est dans la représentation assumée de l’aphrodisiaque. Pas de cache-sexe sur la feuille de route de Pierre Hermé, pas de détours mais des jeux de dévoilement progressif – si la séduction était une pâtisserie, serait-ce celle-ci ?
Décadence, décadence : rien qu’à contempler le Carrément Chocolat, on sait qu’on va prendre cher. Très cher. Et on sait à l’odeur qu’on en redemandera – la richesse des arômes qui se libèrent immédiatement, tout un imaginaire de chaleur, de tendresse, de profondeur. Pour moi le chocolat est à la fois un vice et une religion : je vous laisse en tirer les conclusions que vous voudrez. J’apprécie donc le côté simple de mon premier contact avec cette pâtisserie : un carré noir laqué, sur lequel flotte un carré doré, on se croirait dans Le Baiser de Klimt. Il n’y a besoin de rien d’autre – une présentation sobre pour un contenu potentiellement dangereux, c’est parfait.
Dès la découpe, le couteau ressort couvert d’un chocolat ultra-épais. C’est dense. C’est un pavé – et sous les pavés, vraiment, la plage… Il fait subitement très chaud dans la pièce. Et très lourd sur la fourchette. Non seulement le Carrément Chocolat peut tuer un diabétique, mais vous pourrez vous en servir comme d’une arme par projection. Chaque partie de la pâtisserie se distingue parfaitement : la texture d’une très belle femme qui s’effeuille, et quand on croit qu’elle est nue, il reste encore une couche, encore une surprise. De la mousse sur du croustillant, du moëlleux sur de la crème épaisse, et une tuile bien épaisse qui se fendille sous les dents. On mord et on salive. On décompose et on déshabille, on recombine, ça marche dans toutes les positions, à l’envers, à l’endroit, dans quel état j’erre.
Côté goût, ça dépend évidemment des papilles – tant le monde du chocolat est vaste. Mais puisque cette critique est personnelle, voici du chocolat exactement comme je l’aime : ni trop lacté ni trop amer, sans astringence mais pas sans exigence, avec tellement de profondeur qu’on pourrait bien y perdre son âme. Les accords s’enchaînent et se déchaînent, rien ne vient déranger les zones d’ombre qui se manifestent. C’est long en bouche, interminable même. On voudrait que ça ne s’arrête pas : fais-moi mal aux hanches, encore. Dommage qu’il y ait une fin à tout.
Verdict
Ce Carrément Chocolat de Pierre Hermé fera indéniablement un intéressant convive pour vos moments-desserts – le gaillard haut en couleurs que vous invitez à votre table pour quelques instants, mais qui attire toute l’attention. Un séducteur, en somme. Je l’ai aimé pour sa noirceur flamboyante, j’aurais poussé le vice d’encore un tour d’écrou : j’aurais voulu un écrin noir, à l’image du gâteau, et peut-être une présentation encore plus dépouillée, encore plus innocente. C’est une boîte de Pandore qu’on ouvre. Du noir, encore du noir, du chocolat, carrément du chocolat.
Note: 4,5/5
Caractéristiques:
Prix 7,30€, Poids 99 grammes, Longueur 49 mm, Largeur 49 mm, Hauteur 39 mm
Adresse:
72 rue Bonaparte, 75006 Paris
Ouvert du Dimanche au Mercredi de 10:00 à 19:00, le Jeudi et le Vendredi de 10:00 à 19:30, le Samedi de 10:00 à 20:00
Tél: 01 43 54 47 77
www.pierreherme.com
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