Je lève le verre, je trinque et je bois d’un trait, puis je le fais résonner contre la table de bois pendant que le liquide chaud coule dans ma gorge. La soirée est belle dans cette montagne enneigée, où le temps semble arrêté, où je me crois hors d’atteinte. Pour un instant j’ai le sentiment de posséder tout ce qui compte au monde. Les rires fusent autour de moi et je me laisse emporter par le parfum de cette liqueur herbacée qui me caresse à nouveau les narines. Puis soudainement, je ne sais plus si c’est la joie ou la douleur qui me fait rire. La discussion autour de moi s’assourdit comme un écho qui me renvoie à moi-même. Je me sens plein, et je me sens vide. Je suis le tout, et je ne suis qu’une partie. Comment redevenir entier à nouveau quand l’autre me manque ? La Cacahuète par Cédric Grolet n’est qu’une moitié aussi, mais sera-t-elle synonyme de plénitude ?
Continuer la lecture de « La Cacahuète par Cédric Grolet, le Meurice »Mois : janvier 2021
Le Cookie par Frenchie To Go
Les pâtisseries que l’on peut qualifier de simples mais qui sont très riches ou gourmandes suscitent un engouement particulier en ce moment. Peut-on regarder cela dans le contexte de notre société, et y voir les remous apparents de quelque chose de plus profond ? Pourquoi cherche-t-on à retrouver des saveurs fortes et régressives avec les pâtisseries ? J’y vois parfois un écho de notre intériorité mouvante, de la fermeture de nos frontières physiques et mentales, du retour vers la fausse assurance des choses que l’on considère comme connues. Est-ce un réflexe de protection contre les injonctions de tout genre, sanitaires, sociales, écologiques, économiques, qui nous promettent des lendemains catastrophiques ? La question est complexe mais elle me fait aborder ce cookie par Frenchie To Go avec grand intérêt.
Continuer la lecture de « Le Cookie par Frenchie To Go »Tartelette à l’Orange par Jean-Paul Hévin
Quelqu’un m’a dit que les problèmes existentiels se règlent simplement en existant. L’évidence de cette petite phrase lancée au détour d’une conversation, et l’assurance qu’elle apporte, m’a fait comprendre que les choses qui me préoccupent peuvent être arrangées d’une façon plus coite. Il me suffit peut-être d’être là, d’être entièrement au moment présent, de vivre et de voir. Si l’on ne se pose pas de questions, y a-t-il alors encore un problème ? Ne pas se laisser en proie aux doutes et aux questionnements de tout genre est un acte volontaire, un vrai effort de chaque instant. C’est une vertu d’arriver à observer les choses telles qu’elles sont, de les nommer simplement. Chez Jean-Paul Hévin, une Tartelette à l’Orange dit bien ce qu’elle est, sans tralala. Voyons ce qu’elle nous réserve.
Continuer la lecture de « Tartelette à l’Orange par Jean-Paul Hévin »Namagashi Lapin par Toraya
Quels sont les contours de la personne que je suis, par rapport à celle que j’étais il y a un an ? Dans le miroir je ne suis pas très différent, pourtant j’ai changé. Je m’observe, je me décode, et j’aperçois enfin la faille qui s’est ouverte en silence. D’abord invisible, elle a été creusée par l’isolement, l’angoisse et la méfiance de cette période que je traverse, elle donne sur un gouffre originel. Je sais qu’il est impossible de la refermer. Il faut juste que je sois patient, que j’attende la cicatrice. Elle arrivera un beau jour. Je veux éviter d’ajouter une quelconque souffrance à cette société, je veux m’éloigner du jugement systématique, tout est déjà tellement dur pour tout le monde. Nous sommes tous faillibles, moi le premier. Et nous avons tous besoin de tolérance, de la gentillesse d’un petit lapin blanc par Toraya.
Continuer la lecture de « Namagashi Lapin par Toraya »Le Millefeuille façon Paris-Brest par Christophe Michalak
Je ferme la porte, je ferme les yeux, je ferme mon cœur. À double tour, il faut que je me barricade, que je ne vois plus, que je ne pense plus, que je ne comprenne plus, que je ne sache plus combien c’est difficile, combien c’est injuste, pour toi, pour moi. Il n’y a pas de solution, j’ai beau chercher, il n’y en a pas. Il faut que je supporte, que je me blinde, que j’oblitère le sentiment. Je dois y arriver, je ne peux pas faillir, c’est mon rôle, c’est ma responsabilité, c’est ce que je te dois, c’est ce que je me dois. Et j’ensevelis le tout sous mille tracas du quotidien, mille considérations inutiles, le millefeuille des bonnes raisons pour se faire une raison. Un millefeuille qui transforme la réalité, comme il transforme un Paris-Brest chez Christophe Michalak.
Continuer la lecture de « Le Millefeuille façon Paris-Brest par Christophe Michalak »