À chaque fois que je traverse la place de l’Europe, je m’arrête dans mon empressement quelques secondes au-dessus des voies ferrées de la gare Saint-Lazare. Cet endroit me laisse une impression particulière que je ne retrouve nulle part ailleurs. Il y a un mystère dans ces trains qui partent, qui arrivent, et qui passent sous mes pieds. Je suis cloué à ce croisement suspendu au-dessus des rails, entre la rue de Constantinople et la rue de Saint-Pétersbourg. Un léger vent souffle dans cette grande tranchée taillée dans la ville, il m’apporte une musique lointaine.
« Mon vieux frangin dis-moi donc,
Quelle idée dans ma tête
Se balade et s’entête,
À me faire tourner en rond,
À me dire c’est trop bête
De pas partir, mon garçon,
Avec ceux qui vont ? »
Cette chanson apprise petit aux Scouts me revient. Premiers émois de ma nature mélancolique. Et je repense inévitablement à ce fameux passage de La Bête Humaine, où Jacques Lantier est témoin d’un crime dans un éclair de lumière d’un wagon qui passe. A-t-il rêvé ? Je me rappelle que les crissements des roulements sur les chemins de fer me faisaient penser à des cris stridents. Et moi, à quoi je rêve aujourd’hui ? Les doigts sur le grillage, je regarde les trains s’éloigner, surplombés par la grande horloge. Un petit chocolat me consolera, j’en ai toujours avec moi. Et je reprends mon chemin.
Continuer la lecture de « Bonbons de Chocolat par Louis Vuitton »